Nous sommes en 2021 et Frédérique Fleury, qui ne cesse de réfléchir à l’avancée de son art, s’intéresse à un nouveau tissu aux accents historiques parfois désuets, et aux techniques aujourd’hui souvent peu interprétées.
Il s’agit de la tapisserie : pas celle, sublime, tissée au début de notre ère appelée communément tissu copte, ni celle des grandes époques flamandes et parisiennes (du 14ème s. au début du 17ème s.), encore moins celle des manufactures des Gobelins et de Beauvais, mais juste celle réalisée simplement avec un procédé d’impression ou de tissage jacquard et qui représente des images d’illustres tapisseries.
Nul besoin d’aller au sacrifice d’œuvres d’art ! Ces fac-similés superficiels, maladroits et souvent décolorés, se transforment en un nouveau médium qui suffit pleinement à l’artiste. Les couleurs – du jaune vers le vert et le bleu sans oublier le rouge qui résiste au temps – envahissent désormais toutes les œuvres et un mimétisme s’installe entre le grès, aux allures d’imposants cabochons, ferrets et bagues, et le choix des tapisseries reproduisant par exemple les fameuses « Mille Fleurs » (15ème s. ) ou « Les Chasses de Maximilien » (16ème s. de Bernard Van Orley).
Ainsi, Frédérique Fleury provoque avec l’Histoire une dynamique architecturale dans toute sa nouvelle série de reliefs.
Qu’il s’agisse des pièces murales « Petites chutes » et « Paysages bouclés », ou à poser « Talon-pointe » et « Cheveux au vent », sans oublier l’incontournable haut-relief « Grand sacrilège », toutes scandent un manifeste ; celui d’une analyse qui nous emporte sur les rives idéales d’inspirations historiques et nécessairement émancipatrices.
Yves Sabourin
Commissaire et directeur artistique