« Mille Deux Cent Trente Degrès » : Art de la sensualité et de l’effervescence maîtrisées
Préface de l'exposition à la galerie le 116Art, Villefranche-Sur-Saône par Dominique Gaudry, 2008La vue d’une oeuvre de Frédérique Fleury a tout d’un cadeau fait à l’oeil du spectateur (comme dans certains de ses tableaux antérieurs, cubes ou parallélé-pipèdes ornés de paillettes, pampilles ou fragments de miroir).
Derrière le côté chatoyant et flatteur, où les couleurs vives, les courbes, cercles, «soleils» et spirales sont omniprésents, on sent bien que le soubassement des œuvres est régi par une sorte de grammaire formelle qui obéit à des principes de construction rigoureux.
Sur le support encore vide, qu’il soit plan ou en volume, fait de toile ou de terre, on peut imaginer deux couches successives: une première qui vient organiser et distribuer les éléments dans l’espace (lignes, courbes, figures) et une seconde qui travaille la matière, l’impressionne et la fait vivre, tant au niveau du relief que de la couleur.
On est proche du but que Cézanne assignait à la peinture -et à l’art en général- de « rendre les sensations que l’on apporte en naissant » et mettre en scène les dimensions essentielles de l’existence.
Intellectualité, « corporéité », les deux termes sont présents : pas de pur formalisme « figural », pas non plus d’expressivité débordante. C’est comme une mise en œuvre des deux termes du dualisme esprit/corps ; cet équilibre entre les deux sources de la création explique aussi que Frédérique Fleury soit à l’aise à la fois dans les grands formats et dans les petits : grandes sculptures en céramique et toutes petites porcelaines présentées dans l’exposition (où, comme dans la série des circuits automobiles de Frank Stella, c’est le support qui se fend en multiples bandes qui se détachent et viennent créer un mouvement d’expansion dans une dynamique tournoyante).
Art de la sensualité, de l’audace et de l’effervescence maîtrisées, le travail de Frédérique Fleury nous plonge dans un univers où lumière et mouvement concourent à l’exaltation de la vie.
Dominique Gaudry, 2008